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gouttes froides qui coulaient sur son visage des bords de son chapeau rond, trempé à ne plus tenir l’eau.

« Ce n’est rien ! » Il essaya de s’asseoir sur un billot assez épais qui traînait à côté des tas de bois dans la cour d’Olsoufi Ivanovitch. Il ne fallait point songer aux sérénades espagnoles et aux échelles de soie, mais il fallait trouver un petit coin commode, ne fût-il pas très chaud, où l’on pût se cacher à son aise.

À vrai dire il était fortement tenté par le petit coin à l’entrée de l’appartement d’Olsoufi Ivanovitch, où déjà, presque au début de cette véridique histoire, il avait passé deux heures, entre une armoire et un vieux paravent, parmi des ordures, des détritus et des ustensiles de ménage. C’est que M. Goliadkine attendait depuis deux heures déjà dans la cour d’Olsoufi Ivanovitch. Mais le coin commode où il avait été si à son aise, n’était plus sans inconvénients. Sans doute l’endroit avait dû être signalé, on avait dû prendre des mesures depuis l’histoire du dernier bal. Ensuite il lui fallait attendre un signe convenu de Clara Olsoufievna. Un signe convenu était de toute nécessité. Cela se fait ainsi.

Mais il se dit : « Ce n’est pas nous qui avons commencé, nous verrons bien la suite. »

M. Goliadkine se rappela en passant un roman qu’il avait lu il y a longtemps. L’héroïne,