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CHAPITRE XIII

Le temps semblait s’améliorer. La neige fondante, qui était tombée jusqu’alors en larges plaques, devenait plus rare. Elle cessa tout à fait. On put voir le ciel ; quelques étoiles s’allumaient çà et là. La rue était seulement mouillée et sale. L’atmosphère restait humide et irrespirable, surtout pour M. Goliadkine qui avait déjà de la peine à respirer. Son manteau trempé et alourdi pénétrait ses membres d’une humidité désagréable et tiède. Il était si lourd, que ses jambes déjà affaiblies en étaient brisées. Des frissons fiévreux lui piquaient le corps comme des moustiques aigus et voraces. De faiblesse, il avait une sueur froide maladive. Il en oublia de répéter avec sa fermeté et sa décision coutumières sa phrase favorite « qu’il se pourrait peut-être que tout s’arrangeât tout à coup pour le mieux, de façon ou d’autre, sûrement, absolument ».

« Mais tout cela n’est rien », pensa simplement M. Goliadkine, dont l’esprit ferme en ses desseins ne se décourageait pas. Il essuya les