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l’antichambre et se trouva sur l’escalier éclairé, M. Goliadkine cadet l’avait suivi.

— Adieu, Excellence ! cria-t-il.

— Lâche, répondit d’une voix suffoquée M. Goliadkine ainé.

— Lâche, si vous voulez.

— Homme corrompu !

— Soit, homme corrompu, répondit l’indigne ennemi du digne M. Goliadkine.

Lâchement, il le dévisageait du haut de l’escalier. Il était debout, les yeux droits dans les yeux de M. Goliadkine. Il semblait le provoquer. Indigné, M. Goliadkine cracha et se précipita sur le perron.

Il était si anéanti qu’il ne se rappela pas du tout qui l’avait aidé à monter en voiture. Il s’aperçut enfin qu’on le conduisait le long du canal de la Fontanka. « Nous allons donc vers le pont Ismailovsky », pensa-t-il. Il voulut suivre une idée, il ne put pas. Et pourtant c’était une idée atroce, inexplicable. « Allons, ça ne fait rien », conclut-il. Et il se laissa conduire au pont Ismailovsky.