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permettez-moi de vous demander, en présence de qui vous vous exprimez ainsi ? Devant qui êtes-vous ? Chez qui êtes vous ?…

M. Goliadkine cadet était rouge d’émotion, bouillant d’indignation et de colère. Les larmes lui vinrent aux yeux.

— M. et Mme Bassavrukov, hurla le laquais au milieu de la porte.

« C’est un beau nom », pensa M. Goliadkine. Mais en même temps, il sentit que quelqu’un, mettait très amicalement une main sur son dos, puis le poussait de l’autre main. Son lâche jumeau s’empressait en avant, lui montrant le chemin. M. Goliadkine vit clairement qu’on le dirigeait vers les grandes portes du cabinet. « C’est exactement comme chez Olsoufi Ivanovitch », pensa-t-il. Il était déjà dans l’antichambre. Auprès de lui étaient deux laquais et son jumeau.

— Le manteau, le manteau, le manteau… le manteau de mon meilleur ami ! Le manteau de mon meilleur ami, dit d’une voix de fausset le bandit.

Il arracha des mains d’un domestique le manteau et, sinistre plaisanterie, le jeta droit sur la tête de M. Goliadkine. Tout en tâchant de se dépêtrer, M. Goliadkine entendit distinctement rire les deux domestiques. Mais il n’écouta pas, il ne prit garde à rien, il sortit de