Page:Dostoïevski - Le Double, 1919.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Vous partez tout de suite ?

— Oui, tout de suite, c’est-à-dire non ; il faudra d’abord m’attendre… pas longtemps, mon brave.

— Si c’est à l’heure, impossible à moins de six roubles, par un temps pareil !

— C’est bien, mon ami, c’est bien, tu auras un pourboire, mon brave. Allons, conduis-moi.

— Prenez place ; permettez avant que je range un peu. Asseyez-vous maintenant. Où faut-il aller ?

— Au pont Ismailovsky, mon ami.

Le cocher grimpa sur son siège, fit avancer ses deux haridelles, qui étaient en train de manger leur avoine. Mais tout à coup M. Goliadkine tira sur le cordon, fit arrêter la voiture, et pria le cocher de tourner et de prendre une autre rue.

Au bout de dix minutes la voiture s’arrêtait devant la maison où habitait Son Excellence.

M. Goliadkine descendit, sur un ton de prière recommanda à son cocher d’attendre, courut au deuxième étage et le cœur palpitant tira la sonnette.

La porte s’ouvrit : il était dans l’antichambre de Son Excellence.

— Son Excellence est elle chez elle ? demanda t-il au laquais.

— Et que voulez-vous ? demanda le laquais, qui toisa M. Goliadkine des pieds à la tête.