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pieds, et je le supplierai. Écoutez, voici, je mets mon sort entre vos mains, entre vos mains de chef. Protégez-moi, Votre Excellence ; cet acte est défendu par les lois ; sauvez ma dignité, mon honneur et mon nom. Je vous considère comme un père, sauvez-moi de ce misérable. C’est un autre homme que moi, Votre Excellence. Je vous considère comme mon père. Un chef consciencieux doit encourager un pareil mouvement ; cela est chevaleresque. Je lui dirai que je l’estime comme mon père, et comme le plus bienveillant des chefs, et que je lui confie mon existence, que je me retire des affaires ! Voilà ! »

— Eh mon brave, tu es cocher de fiacre ?

— Cocher de fiacre.

— J’ai besoin d’une voiture pour la soirée.

— C’est pour aller loin ?

— Pour la soirée, pour la soirée, mon brave. Peu importe où nous irons.

— Est-ce que vous voulez aller hors de la ville ?

— Oui, mon ami, peut-être hors de la ville. Je ne sais pas au juste moi-même. Il se peut mon brave que tout s’arrange pour le mieux. Je sais, mon brave !

— Assurément, Monsieur, je souhaite du bien à tout le monde.

— Oui, mon ami, oui, je te remercie mon brave. Quel prix me demanderas-tu ?