Page:Dostoïevski - Le Double, 1919.djvu/218

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vait. Le temps passait et Pétrouchka n’arrivait pas avec le manteau. Il se décida à aller le chercher. En ouvrant la porte de son vestibule il entendit en bas des voisines qui bavardaient, qui criaient, qui discutaient. M. Goliadkine connaissait l’objet de leur conversation. Il entendit la voix de Pétrouchka, puis des pas : « Mon Dieu, tout ce monde va venir ici », gémit M. Goliadkine, qui se précipita dans sa chambre où il s’affaissa sur un divan, la figure contre le coussin.

Bientôt il se releva vivement, mit ses galoches, son manteau, son chapeau, prit son portefeuille et descendit en coup de vent l’escalier. Il y rencontra Pétrouchka auquel il marmotta :

— Je n’ai besoin de rien, mon brave, je ferai tout moi-même ; je n’ai pas besoin de toi ; l’affaire s’arrangera peut-être pour le mieux.

Lorsqu’il fut dans la cour, son cœur battait fortement. Il ne savait à quoi se décider. Que faire ? Que devenir ? Occurrence critique.

« Que faire, mon Dieu. Pourquoi tout cela arrive-t-il ! s’écria-t-il en détresse, tandis qu’il marchait dans la rue. Si cela…, cela précisément n’était pas arrivé, tout se serait arrangé d’un coup, d’un seul coup bien préparé. Si tout ne s’était arrangé, j’aurais donné ma langue au chat. Je sais bien comment : j’aurais dit… : D’abord… ensuite… ce n’est pas ainsi que se font les affaires monsieur, vous n’êtes qu’un