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tures ? Seulement, je vais vous dire, monsieur, permettez-moi de vous le dire franchement, avec un dévouement d’esclave. Vous avez un ennemi, vous avez un adversaire, voilà.

— Je le saisi mon ami, je le sais. Et tu le sais aussi, mon cher. Tu vois quelle confiance j’ai en toi. Dis, qu’allons-nous faire maintenant ? Que me conseilles-tu, mon ami ?

— Mais, voilà monsieur, si vous avez besoin d’acheter des draps, des oreillers, un deuxième édredon pour deux personnes, une belle couverture, nous trouverons tout ça chez la voisine d’en bas. C’est une petite bourgeoise, monsieur. Elle a une superbe fourrure de renard, on peut l’avoir et l’acheter tout de suite. Et vous en avez besoin, monsieur… une belle fourrure doublée de satin.

— Bien, mon ami, bien, tu as raison, j’ai confiance en toi. Une fourrure… va pour la fourrure, mon brave. Seulement hâtons-nous, au nom de Dieu, pressons-nous. Je ferai l’acquisition de la fourrure, mais dépêchons-nous, dépêchons-nous. Il est bientôt huit heures, dépêchons-nous, au nom de Dieu, mon ami, dépêche-toi, mon ami…

Pétrouchka mit dans un coin le paquet de vêtements et se précipita hors de la chambre.

M. Goliadkine reprit la lettre, mais il n’eut pas la force de la relire. La tête entre les mains, tout ébahi, il s’adossa au mur. Il ne pouvait ni penser ni agir, il ne comprenait pas ce qui arri-