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— Dame, vous le savez bien, monsieur. Sûr et certain qu’un honnête homme ne va pas colporter le mal.

— Je sais, mon brave, je sais ; les bonnes gens sont rares aujourd’hui, il faut les apprécier mon ami.

— …Seulement je ne puis plus rester à votre service, monsieur, vous le savez bien.

— Je connais, mon brave, je connais ton zèle et ton dévouement, je l’ai remarqué, mon ami, je l’ai apprécié. Je t’estime, mon ami. J’estime toujours un honnête homme, fut-il un valet.

— Heu, vous savez bien, que c’est nous autres qui valons le mieux. C’est comme ça. Il est certain, monsieur, que la vie n’est pas possible sans de bonnes gens.

— Bon, bon, mon brave, je le comprends… voilà ton argent et ton certificat. Maintenant, embrassons-nous, frérot, et disons-nous adieu… Et maintenant, mon brave, je vais te demander un dernier service, ajouta solennellement M. Goliadkine. Tu comprends, mon brave, que tout peut arriver. Le malheur, mon ami, se cache même dans les palais dorés et nul ne peut le fuir. Mon ami, je crois avoir été toujours bon pour toi…

Pétrouchka se taisait.

— Je crois avoir été toujours bon pour toi