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CHAPITRE XII

Pétrouchka arriva en se balançant, nonchalant, avec une figure de larbin triomphant. Il avait l’air d’un homme qu’on ne prendra pas au dépourvu, qui se sent dans son droit. Il avait pris l’allure d’un étranger, d’un domestique qui n’est plus au service de M. Goliadkine.

— Eh bien ! vois-tu, mon ami, commença M. Goliadkine tout haletant. Quelle heure est-il maintenant, mon ami ?

Pétrouchka s’en alla silencieusement derrière la cloison, et déclara d’un ton d’indépendance qu’il était à peu près sept heures et demie.

— C’est bien mon brave, c’est bien. Vois-tu mon brave… Permets-moi de te le dire, mais il me semble que tout est fini entre nous.

Pétrouchka ne répondit rien.

— Voyons, à présent que tout est fini entre nous, dis-moi franchement, en ami, où tu as été ?

— Où j’ai été ? Chez de braves gens.

— Je le sais mon ami, je le sais. J’ai toujours été content de toi, mon brave et je te délivrerai un bon certificat. Eh bien ! que vas-tu faire maintenant chez eux ?