Page:Dostoïevski - Le Double, 1919.djvu/212

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ger. » Mouvement, tumulte dans la salle. On entourait M. Goliadkine, on interpellait M. Goliadkine. Quelques-uns saisissaient M. Goliadkine par le bras. Mais lui, immobile et muet, ne sentait rien, ne voyait rien, n’entendait rien… À la fin, bondissant de sa place, il s’enfuit du cabaret, bousculant tous ceux qui voulaient le retenir. Il tomba presque sans connaissance dans la première voiture qu’il rencontra et se fit conduire chez lui, à bride abattue.

Dans le vestibule de sa maison, il rencontra Mikhéiev, le concierge du bureau qui lui apportait un pli administratif.

— Je sais, mon ami, je sais tout, fit d’une voix triste et faible M. Goliadkine accablé. C’est officiel…

Le pli à l’adresse de M. Goliadkine contenait en effet l’injonction signée d’André Philippovitch de remettre à Ivan Séméonovitck tous les dossiers qu’il avait en mains. M. Goliadkine donna dix kopeks au porteur.

Arrivé chez lui, il aperçut Pétrouchka qui rassemblait tous ses effets et toutes ses hardes. Pétrouchka allait quitter M. Goliadkine et se transportait chez Caroline Ivanovna pour y remplacer Eustache.