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kine jeune, en homme intelligent et cultivé qui sait raisonner de hautes questions.

— Pour moi, Iakov Pétrovitch, reprit M. Goliadkine en s’animant, pour moi, méprisant les détours, vous parlant un langage honnête et franc et considérant les choses d’un point de vue élevé, je vous dirai, je vous certifie hautement, Iakov Pétrovitch, que je suis tout à fait innocent. Vous savez qu’une erreur réciproque — tout est possible, — que le jugement du monde, l’opinion de la foule, peuvent se corriger. Je parle franchement, Iakov Pétrovitch, tout est possible. Laissez-moi ajouter, Iakov Pétrovitch, qu’à bien juger, qu’à prendre l’affaire d’un point de vue élevé et noble… Je vous dis franchement, je vous dis sans fausse honte, Iakov Pétrovitch, que je reconnaîtrai volontiers mon erreur, qu’il me sera doux de la confesser ; vous le savez. Vous êtes un homme intelligent et noble, je suis prêt à avouer sans honte… sans fausse honte, avec dignité…

— C’est la fatalité, la destinée, Iakov Pétrovitch. Mais laissons tout cela, soupira M. Goliadkine cadet. Utilisons plutôt les courts instants dont nous disposons, pour causer plus utilement, plus agréablement, comme il sied à deux copains… En vérité tous ces jours-ci je n’ai seulement pu vous dire deux mots. Ce n’était pas ma faute, Iakov Pétrovitch…

— Ni de la mienne, interrompit avec ardeur