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veinent, Iakov Pétrovitch, tout va s’expliquer de soi-même.

— Dans ce café, bien, j’y consens, entrons dans ce café, mais à une seule condition, mon petit cœur, à une seule condition, c’est que là-bas tout s’explique. C’est ainsi, mon amour, fit M. Goliadkine cadet qui descendit de voiture et frappa effrontément sur l’épaule de M. Goliadkine. Pour toi, Iakov Pétrovitch, je passerai bien par la petite rue, la petite rue du premier soir… Quel malin, sapristi, il fait de vous ce qu’il veut, continua le faux ami de M. Goliadkine en tournant autour de lui avec un sourire.

Le café, éloigné des grandes rues, où entrèrent les deux Goliadkine était absolument désert. Une grosse Allemande parut au comptoir, dès qu’eut retenti la sonnette. M. Goliadkine et son indigne ennemi passèrent dans la pièce du fond, où un gamin bouffi aux cheveux ras, s’efforçait avec un fagot de copeaux d’allumer le poêle éteint. On apporta le chocolat que M. Goliadkine jeune avait commandé.

« Une petite femme bien appétissante… », fit M. Goliadkine jeune clignant malicieusement de l’œil à M. Goliadkine aîné qui rougit et ne répondit rien.

— Ah bon, j’ai oublié, je vous demande pardon, mais je connais votre goût, nous sommes friands, monseigneur, des petites Allemandes minces ; des petites Allemandes minces qui