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Je ne resterai pas, mon ami. Je vais là, dans la petite rue. Il y a un café, j’y attendrai ; et toi, mon ami, s’il arrive quelque chose, fais-le moi bien savoir. Comprends-tu mon ami ?

— C’est bien, laissez-moi m’en aller. Je comprends.

— Je te récompenserai mon brave, cria M. Goliadkine à Pissarenko qui avait enfin réussi à se dégager…

« La racaille ! de plus en plus grossier, pensa M. Goliadkine en sortant de derrière son poêle. Encore un clou de rivé. C’est clair. D’abord c’était ceci et cela. Après tout peut-être était-il vraiment très pressé, peut-être avait-il beaucoup à faire, là-haut. Et Son Excellence qui a passé deux fois par la section ! Pour quelle raison ? Hum ! Mais ça n’a pas d’importance. Il est fort possible que ça ne signifie rien. Maintenant allons voir… »

M. Goliadkine avait ouvert la porte et s’apprêtait à sortir dans la rue, lorsque tout à coup devant le perron il entendit le roulement de la voiture de Son Excellence.

Avant que M. Goliadkine fut revenu de sa stupéfaction, la portière de la voiture s’ouvrait et le Monsieur qui s’y trouvait sauta sur le perron. C’était M. Goliadkine cadet qui était part dix minutes auparavant.

M. Goliadkine aîné se souvint que l’appartement du directeur était à deux pas.