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cendre l’escalier et était sorti dans la rue. « Qui s’en va à cette heure ? » pensa M. Goliadkine. L’instant d’après les mêmes pas résonnèrent. M. Goliadkine n’y put tenir et passa le bout de son nez derrière son rempart ; mais il recula immédiatement, comme si on lui avait piqué le bout du nez. C’était la canaille qui passait, l’intrigant, le débauché.

Il marchait de son pas habituel, faisant jouer ses jambes comme s’il voulait ruer. Canaille !

M. Goliadkine remarqua que la canaille portait à son bras une énorme serviette qui appartenait à Son Excellence.

Il continue son jeu », pensa M. Goliadkine qui, de dépit, se recroquevilla davantage et rougit.

M. Goliadkine jeune venait à peine de passer, sans l’avoir aperçu, devant M. Goliadkine aîné, que pour la troisième fois des pas résonnèrent. M. Goliadkine pensa cette fois que c’était le greffier. En effet la silhouette pommadée d’un greffier s’approcha du poêle. Mais ce n’était pas Ostaffiev. C’était un greffier du nom de Pissarenko.

M. Goliadkine fut surpris. Pourquoi Ostaffiev avait-il mêlé des tiers ? « Oh ! les barbares, il n’y a rien de sacré pour eux. »

— Eh bien ! qu’y a-t-il mon ami ? dit-il à Pissarenko. De la part de qui viens-tu ?

— Mais c’est pour votre affaire, il n’y a aucune