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— Oui

— Imbécile, apporte-les…

M. Goliadkine se montra satisfait des chaussures, qui allaient très bien. Il ordonna à son valet de lui servir le thé et de lui préparer de quoi se laver et se raser. Il se rasa très soigneusement, se lava de même, prit son thé à la hâte et se mit enfin à sa toilette définitive. Le voici qui met des pantalons presque neufs, une chemise à boutons dorés, un gilet en étoffe à fleurs, d’une très claire et jolie couleur, une cravate de soie bigarrée et enfin son uniforme flambant neuf et soigneusement brossé.

Tandis qu’il fait sa toilette, il regarde plusieurs fois ses bottes avec affection, soulève tantôt l’une, tantôt l’autre, en admire la façon et marmotte sans cesse entre ses dents, complétant sa pensée d’une grimace expressive.

M. Goliadkine mit son portefeuille dans sa poche, regarda avec satisfaction Pétrouchka qui, ayant enfilé ses bottes, était définitivement équipé et constata que tout était bien et que les préparatifs étaient à point.

Alors, hâtivement, avec un petit tremblement au cœur, il descendit en courant l’escalier…


…la voiture bleue, ornée de blasons quelconques, s’avança à grand bruit vers le perron. Pétrouchka échangea une œillade avec le cocher et quelques badauds et marcha derrière son maître vers la voiture. D’une voix peu naturelle,