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— Bien.

Le greffier monta vivement l’escalier et M. Goliadkine resta seul.

« Cela ne va pas, pensa-t-il, ça ne va pas… Oui… nous ne sommes pas dans de beaux draps, que signifie tout cela ? Quel sens faut-il donner aux allusions de cet ivrogne ? Et de qui vient cette plaisanterie ? Ah ! je sais maintenant, je sais maintenant ce que cela veut dire. Ils ont su… et alors ils ont fait asseoir à ma place… Mais c’est André Philippovitch qui a fait asseoir Ivan Séméonovitch à ma place. Pourquoi ? Dans quel but ? Ils ont dû savoir… C’est Vakhrameiev qui manigance tout. Vakhrameiev, non, car il est bête comme une poutre de tremble. Mais ils le travaillent. C’est pour cela aussi qu’ils ont fait venir ici l’autre canaille et que l’Allemande aux yeux louches s’est plainte. J’ai toujours soupçonné la cause des intrigues et ce qui se cachait sous ces commérages de vieille femme. Je le disais bien à Christian Ivanovitch qu’on avait juré de m’égorger moralement, et qu’ils se servaient pour cela de Caroline Ivanovna. Ce sont des artistes qui travaillent. On reconnaît, là une main d’artiste. Ce n’est pas Vakhrameiev ; il est bête, je l’ai déjà dit. Je sais maintenant qui travaille pour eux tous. C’est la canaille, c’est le faussaire ! C’est par là qu’il est fort. C’est à ça qu’il doit ses succès dans le grand monde. Je voudrais bien savoir en réalité sur