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qu’il a dû s’absenter tout à l’heure. Mais je lui donnerai aussi… »

M. Goliadkine avait compris que l’heure du pourboire était venue.

— Tiens, mon ami, voilà pour toi.

— Je remercie beaucoup Votre Noblesse.

— Je te donnerai davantage.

— Je vous écoute, Votre Noblesse.

— Je te donnerai davantage, maintenant, tout de suite, et je t’en donnerai autant quand l’affaire sera terminée. Comprends-tu ?

Le scribe se taisait, et droit sur ses jambes, immobile, il regardait M. Goliadkine.

— Voyons, parle maintenant. On ne dit rien sur mon compte ?

— Il me semble que jusqu’à présent… c’est-à-dire… non, on n’a rien dit encore.

Ostaffiev parlait lentement comme M. Goliadkine et gardait un air un peu mystérieux, remuait ses sourcils, regardait le parquet, tâchait de trouver la note juste, s’employait de tout son effort, à mériter la somme promise. Pour l’argent déjà donné, il l’estimait dûment acquis.

— On ne sait rien ?

— Rien jusqu’à présent.

— Voyons… peut-être saura-t-on quelque chose ?

— Certainement… plus tard peut-être saura-t-on quelque chose.