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niaient, qu’ils le préparaient pour les jours de malheur. Tout s’explique à présent, tout est clair. Mais qu’importe ? Il n’y a pas encore de temps perdu. »

M. Goliadkine se souvint alors qu’il était plus d’une heure de l’après-midi. Il gémit. « S’ils avaient eu le temps déjà ? Mais non ce n’est pas vrai, ils n’ont pas eu le temps. Nous verrons bien. »

Il s’habilla à la hâte, prit le papier, la plume et écrivit la lettre suivante.

« Cher Monsieur Iakov Pétrovitch. »

« Vous ou moi, mais tous deux, non, c’est impossible. Je vous déclare tout net, que votre désir bizarre, ridicule, mais irréalisable de passer pour mon jumeau ne servira qu’à votre déshonneur et à votre perte. Je vous prie, dans votre propre intérêt, de vous effacer, et de laisser la route libre à ceux dont le cœur est véritablement noble et les intentions honnêtes. Dans le cas contraire je suis décidé à recourir aux mesures extrêmes. Je pose ma plume et j’attends… Au reste je suis tout à votre disposition si vous désirez un duel au pistolet.

« I. Goliadkine. »