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devant ce scandale, est forcé de les prendre tous au col, et de les conduire au violon le plus proche…

Raide et glacé d’épouvante M. Goliadkine se réveilla, mais il sentit que la réalité n’était pas plus gaie… C’est terrible, c’est atroce… Telle était son angoisse qu’il lui sembla qu’on lui rongeait le cœur.

M. Goliadkine n’y put tenir :

« Cela ne sera pas ! » s’écria-t-il résolument, se soulevant sur son lit. Il s’éveilla tout à fait.

La journée semblait assez avancée. Il faisait très clair. Des rayons de soleil traversaient abondamment les vitres couvertes de givre et se répandaient par toute la chambre. M. Goliadkine était très étonné. D’ordinaire, le soleil ne se montrait chez lui qu’à midi et M. Goliadkine ne se souvenait pas que le soleil eût jamais fait pareille exception en sa faveur. À peine a-t-il eu le temps de s’étonner, qu’il entend, derrière le paravent, le sourd roulement de la pendule qui se prépare à sonner. « Voilà », pense M. Goliadkine. Attentif, anxieux, il écoute… Mais, à sa stupéfaction, la pendule ne sonne qu’un coup. « Qu’est-ce que cela veut dire ? » s’écrie-t-il, bondissant de son lit.

Vêtu seulement de son caleçon, n’en croyant pas ses oreilles, il se précipita derrière la cloison… La pendule marquait bien une heure… M. Goliadkine regarda le lit de Pétrouchka. Pas