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CHAPITRE X

Tous ces événements avaient bouleversé M. Goliadkine au plus profond de lui-même. Il passa une très mauvaise nuit et ne dormit pas cinq minutes. Il lui semblait qu’un mauvais plaisant avait éparpillé dans ses draps le crin de son matelas. Toute la nuit il somnola, se tournant, se retournant, geignant, s’assoupissant quelques minutes pour se réveiller aussitôt. Des souvenirs confus, des cauchemars horribles, des sensations désagréables l’opprimaient d’une angoisse singulière. Tantôt dans une demi-lumière mystérieuse, André Philippovitch lui apparaissait, le visage sec et méchant, le regard dur et lui faisait des observations d’une politesse glaciale. M. Goliadkine s’approchait pour se disculper. Il voulait prouver qu’il n’était pas comme ses ennemis l’avaient représenté, bien au contraire. Outre ses qualités innées, il en a bien d’autres. Mais aussitôt un homme apparaît que M. Goliadkine reconnaît bien au ricanement malséant de son visage.

Il anéantit indignement les démarches de M. Goliadkine, salit sa réputation devant lui,