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que je préfère à une explication écrite. Je suis prêt aussi à toute conciliation, et j’espère la réciprocité. C’est pourquoi je vous prie, monsieur, de transmettre à cette personne mon désir d’avoir une explication directe, et veuillez la prier de me fixer l’heure et le lieu du rendez-vous. C’est avec tristesse que j’ai lu, monsieur, les allusions qui signifient que je vous ai blessé, que j’ai trahi notre amitié ancienne et que j’ai mal parlé de vous. Je les attribue à un malentendu, à des calomnies grossières, à l’envie et à la malveillance de ceux que je puis appeler sans exagération mes ennemis les plus opiniâtres. Mais ils ne savent sans doute pas que l’innocence porte sa force en elle ; que l’effronterie, l’arrogance et la grossièreté révoltante de certaines personnes s’attireront tôt ou tard le mépris général et que ces personnes périront par leur propre dépravation. Et je vous prie pour conclure de leur notifier ce qui suit. Leurs prétentions étranges, leur désir inné et fantastique de chasser les autres et d’occuper leur place leur vaudront l’étonnement, le mépris et la pitié, mais surtout un asile d’aliénés. De pareils actes sont défendus par la loi. Et c’est justice car chacun doit se contenter de la place qu’il occupe. Il y a limite à tout. Et si c’est une simple plaisanterie, elle est inconvenante, je dirai plus, elle est tout à fait immorale. J’ose vous affirmer, monsieur, que les idées que je