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« Cher Monsieur Nestor Ignatievitch.

« C’est avec un triste et profond étonnement que j’ai lu votre lettre si blessante. J’ai vu clairement qu’en parlant de personnes malveillantes, c’est à moi que vous faites allusion. Je vois tristement avec quelle rapidité et quel succès la calomnie a poussé ses longues racines pour tuer mon bonheur, mon honneur et ma réptation ; et cela est pour moi d’autant plus triste et plus blessant que les gens les plus honnêtes, dont les pensées sont les plus nobles, le caractère le plus franc et le plus honnête, abandonnent le parti des gens d’honneur et accueillent par les meilleures qualités de leur cœur la calomnie malfaisante, qui, hélas ! est fort répandue en notre siècle cruel et immoral.

« En tout cas, pour ce qui concerne la dette de deux roubles que vous me rappelez, je considère comme mon strict devoir de m’en acquitter intégralement

« Quant à vos allusions, cher monsieur, à une certaine personne du sexe féminin, je vous dirai que je ne les ai que vaguement comprises et que j’ignore les intentions et desseins de cette personne. Permettez-moi, monsieur, de conserver intacte la noblesse de mes sentiments et l’honnêteté de mon nom. En tout cas je suis prèt à consentir à une explication personnelle