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plus conserver le ton amical et la camaraderie d’autrefois. Aussi je vous prie, monsieur, de m’envoyer immédiatement après la réception de cette lettre sincère, les deux roubles que vous me devez, pour le rasoir que je vous ai vendu à crédit, si vous voulez bien vous en souvenir, il y a sept mois, quand nous vivions ensemble chez Caroline Ivanovna, que je respecte de toute mon âme. Si j’agis ainsi, c’est qu’au dire des hommes intelligents, vous avez perdu votre honneur et votre réputation, et que vous êtes un danger pour la moralité des hommes innocents et purs. Il est des gens qui ne vivent pas selon la vérité, dont les paroles sont fausses, et dont l’allure est suspecte. En tous temps et tous lieux il se pourrait trouver des hommes pour venger l’offense faite à Caroline Ivanovna qui est d’une bonne famille étrangère, dont la conduite fut toujours parfaite, qui est une femme honnête et même vierge bien qu’elle ne soit plus tout à fait jeune. Quelques-uns de ces hommes m’ont prié d’affirmer cela, en passant, dans ma lettre. Je le dis en mon nom aussi…… En tout cas vous saurez tout en temps voulu, si vous n’avez pas déjà tout appris.

« En terminant ma lettre, je vous déclare, monsieur, que la personne que vous savez, et dont je n’écris pas le nom ici, par pure délicatesse, est très respectée par les gens bien pensants ; que de plus elle est d’un caractère agréable et