serait sans importance… Une pareille somme peut mener un homme très loin.
« Et pourtant, pensa M. Goliadkine… Mais ou a passé Pétrouchka ? »
Toujours dans le même costume, il regarda une seconde fois dans la chambrette de son A valet. Pétrouchka n’était toujours pas derrière le paravent. Seul, le samovar posé dans un coin, sur le parquet, se mettait en colère, bouillonnait, sortait de lui-même, menaçait sans cesse de s’enfuir, et murmurait à M. Goliadkine, dans le feu de sa langue étrange et grasseyante :
— Prenez-moi, brave homme, je suis tout prêt…
« Que le diable l’emporte, pensa M. Goliadkine. Ce paresseux animal mettrait un homme hors de lui. Où court-il maintenant… ? »
Justement indigné, il entra dans l’antichambre, simple petit couloir que fermait la porte du vestibule. Il entre-bâilla cette porte et aperçut son domestique entouré de valetaille et de spectateurs de hasard. Pétrouchka parlait ; les autres écoutaient. Est-ce le récit de Pétrouchka, est-ce cette réception inusitée qui déplut à M. Goliadkine ? Toujours est-il qu’il appela Pétrouchka et retourna dans sa chambre plus que mécontent, bouleversé.
« Cet animal vendrait un homme pour le plaisir, et surtout son maître…, pensa-t-il. Et il m’a vendu, vendu absolument. Je parierais qu’il m’a vendu pour un kopek. »