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doute ce coquin qui Ta apportée, pensa-t-il, il l’aura déposée là, et il n’y aura plus pensé. C’est évidemment cela, c’est sûr… »

La lettre était du fonctionnaire Vakhrameiev, le jeune collègue, et autrefois l’ami de M. Goliadkine. « J’en avais le pressentiment, pensa-t-il, et je devine tout ce que contient cette lettre… » La lettre était ainsi conçue :

« Cher M. Iakov Pétrovitch.

« Votre domestique est ivre et on ne peut rien tirer de lui. Aussi je préfère vous répondre par écrit. J’ai hâte de vous déclarer que j’exécuterai fidèlement et simplement la commission dont vous me chargez et que par mon intermédiaire vos lettres seront transmises à la personne que vous savez. Cette personne que vous connaissez bien, et qui me tient lieu d’ami (je tairai son nom pour ne pas noircir inutilement la réputation d’un homme tout à fait innocent), demeure avec nous dans l’appartement de Caroline Ivanovna, dans la chambre où, lorsque vous étiez des nôtres, demeurait un officier d’infanterie qui venait de Tambov. Vous pourrez d’ailleurs trouver cette personne, partout où il y a des gens honnêtes et loyaux, et on ne peut pas dire cela de tout le monde. J’ai désormais l’intention de cesser toute relation avec vous. Nous ne pouvons