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écrite ?… Avais-je besoin de l’écrire ? Imbécile que je suis avec mon amour-propre ! »

— Où as-tu mis la lettre, brigand ? À qui l’as-tu donnée ?

— Je n’ai donné la lettre à personne… Je n’avais pas de lettre… sûr… M. Goliadkine se tordit les mains de désespoir.

— Écoute, Pierre… écoute, écoute-moi.

— J’écoute…

— Où es-tu allé ? réponds-moi.

— Où je suis allé ?… Chez de braves gens… Quoi !

— Ah mon Dieu, où es-tu allé d’abord ?… as-tu été au ministère ? Écoute, Pierre, tu as bu n’est-ce pas ?

— Moi être ivre ?… Il me semble que je me tiens droit. Pas une gou-ou-ou-outte… sûr…

— Mais ça n’a pas d’importance que tu sois ivre… Je t’ai demandé ça pour savoir… C’est très bien que tu sois ivre… Je ne t’en veux pas… Seulement tu as dû oublier… Mais tu vas tout te rappeler. Es-tu allé chez le fonctionnaire Yakhrameiev, oui ou non ?

— Je n’y suis pas allé… Il n’y a pas de fonctionnaire de ce nom… sûr…

— Mais non… Mais non… Pierre… Pétrouchka, ça ne fait rien… Je n’y vois pas de mal… Après tout… il fait froid dans la rue, il fait humide et tu as bu un peu, mon bonhomme… C’est bien…