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sur les murs. M. Goliadkine regardait, regardait, pensait, pensait. Enfin il s’endormit, anéanti…

Il était très tard quand il s’éveilla. La bougie fumait, allait s’éteindre. M. Goliadkine bondit, se secoua et se souvint de tout, de tout. Derrière la cloison grondaient les ronflements de Pétrouchka. M. Goliadkine s’approcha de la fenêtre… Plus de lumière !… Il ouvrit le vasistas… Partout le silence… La ville semblait morte, elle dormait. « … Sapristi, il est deux ou trois heures… » La pendule derrière le paravent frappa deux coups. M. Goliadkine fut vite derrière le paravent.

C’est à peine s’il put, après de longues tentatives, éveiller Pétrouchka et le faire asseoir sur son lit. Mais alors la bougie s’éteignit. Dix minutes se passèrent avant que M. Goliadkine ait pu trouver une autre bougie et l’allumer. Pendant ces dix minutes Pétrouchka se rendormit… Vaurien, canaille, crapule… » criait M. Goliadkine en le secouant. « Mais te lèveras-tu ? Te réveilleras-tu ? » Au bout d’une demi-heure d’efforts, M. Goliadkine parvint à le réveiller et à l’amener devant le paravent… Mais Pétrouchka était ivre-mort et se tenait à peine sur ses jambes.

« Immonde crapule », cria M. Goliadkine, « brigand, tu veux ma mort ? Seigneur Dieu, où a-t-il mis ma lettre ? Ah Seigneur !… Et pourquoi l’ai-je