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peler que volontairement et de façon blessant ? vous avez éludé toute explication. Enfin je ne rappellerai pas ici l’acte étrange, pour ne pas dire incompréhensible, que vous avez accompli au restaurant. Je suis loin de regretter, bien qu’elle soit sensible pour moi, la perte d’un rouble, mais je dois vous exprimer toute mon indignation au sujet de cet attentat contre mon honneur, qui eût lieu en présence de personnes que je ne connaissais pas, mais qui étaient très distinguées… »

« Ne vais-je pas trop loin, pensa M. Goliadkine, n’est-ce pas exagéré… ? Cette allusion au bon ton n’est-elle pas blessante ? Tant pis, il faut montrer de la fermeté de caractère. D’ailleurs pour adoucir, on peut le flagorner un peu à la fin. »

« … Mais, monsieur, je ne veux pas vous fatiguer par ma lettre, je suis fermement convaincu que la noblesse de vos sentiments et de votre cœur et que votre caractère loyal vous suggéreront les moyens de réparer ces fautes et de tout rétablir comme par le passé.

« J’espère que vous ne vous offenserez pas de ma lettre et que vous ne refuserez pas de vous expliquer dans une lettre que vous remettrez à mon domestique.

« En attendant, j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très humble serviteur.

« I. Goliadkine. »