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main tremblante d’émotion, il écrit l’épitre suivante :

« Cher Monsieur Iakov Pétrovitch.

« Je ne prendrais pas la plume, si les circonstances et vous-même, monsieur, ne m’y obligiez, Croyez bien que c’est poussé par la nécessité que j’entre avec vous en de pareilles explications. Aussi je vous prie avant tout de ne pas voir là une intention blessante, monsieur, mais une conséquence nécessaire des circonstances qui nous lient… »

« Il me semble que c’est bien… poli et convenable avec de la force et de la fermeté. Il n’y a rien dont il puisse se formaliser : enfin je suis dans mon droit », pensait M. Goliadkine en se relisant.

« … Votre apparition inattendue et étrange, monsieur, pendant une nuit de tourmente, après une attaque grossière et inconvenante de mes ennemis, dont je tais les noms par mépris, fut le germe de tous les malentendus qui sont entre nous. Et votre désir obstiné, monsieur, de pénétrer par force dans ma vie, publique et privée, ne respecte pas les bornes de la plus élémentaire politesse, de la plus simple correction. Je pense qu’il est inutile de vous rappeler, monsieur, les papiers dont vous vous êtes emparé, et le nom honorable que vous avez usurpé, pour acquérir la faveur des chefs, faveur que vous n’avez pas méritée. Il est inutile de vous rap-