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lait que ça arrivât. Enfin les paroles ne servent à rien. Il faut agir… »

M. Goliadkinea résolu d’agir. Sitôt dans son appartement, sans perdre une minute, il saisit sa pipe, et aspirant à larges bouffées, il lança la fumée à droite et à gauche et se mit à marcher, très ému, à travers sa chambre.

Pétrouchka était en train de préparer le dîner. M. Goliadkine prend enfin sa décision. Il abandonne sa pipe, jette son manteau sur ses épaules, prévient qu’il ne dînera pas à la maison et sort précipitamment. Pétrouchka, essoufflé, le rattrapa dans l’escalier, tenant à la main le chapeau que M. Goliadkine avait oublié. M. Goliadkine lui prend le chapeau et cherche une explication rapide pour que Pétrouchka n’aille pas se faire des idées, s’imaginer qu’il a oublié son chapeau parce qu’il est tellement troublé… Mais Pétrouchka ne le regarde même pas et remonte déjà l’escalier. M. Goliadkine prend son chapeau sans autre explication et descend en courant l’escalier. Il se dit que tout va peut être s’arranger au mieux, finir normalement Et pourtant il frissonne de la tête aux pieds… Le voici dans la rue. Il prend une voiture et se fait conduire chez André Philippovitch.

« Ne vaudrait-il pas mieux attendre à demain pense-t-il, à la porte d’André Philippovitch, la main déjà sur le cordon de la sonnette. Que lui dirai-je… ? Je n’ai rien de particulier à lui