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CHAPITRE IX

Tout jusqu’à la destinée s’armait contre M. Goliadkine. Mais il restait debout et ne cédait pas. Il sentit qu’il n’était pas vaincu encore. Il était prêt pour la lutte. Revenu de son étonnement, il se frotta les mains sincèrement, énergiquement. On voyait bien qu’il ne s’abandonnerait pas. Oui le danger était manifeste. M. Goliadkine le savait. Mais comment y parer ? Voilà la question. Des idées lui passèrent par la tête : « Ne vaut-il pas mieux ne m’occuper de rien… ? Eh bien quoi ? Eh bien ?… Rien. Je resterai en dehors, comme s’il ne s’agissait pas de moi. Je mettrai ma main devant les yeux et je regarderai entre mes doigts… Je suis en dehors, voilà tout… Lui aussi se lassera peut-être. Il fera trois petits tours, trois petits tours et puis s’en ira. C’est cela… Je serai vainqueur, par la résignation.

« Mais où y a-t-il du danger… où donc… ? Je voudrais bien que quelqu’un me le dit… Je m’en lave les mains… C’est une histoire banale… »