citent l’un l’autre contre moi. Cependant, au bout de dix pas, il se rendit compte que toute poursuite était inutile. Aussi s’en retourna-t-il.
« Tu ne m’échapperas pas, pensa-t-il. Le loup payera pour les larmes des agneaux. » Son sang-froid est absolu, sa résolution énergique. M. Goliadkine arrive à un siège et s’y laisse tomber. « Tu ne m’échapperas pas, répète-t-il. Il ne s’agit plus d’une défense passive, mais d’une offensive résolue. » Qui aurait vu M. Goliadkine, un cri dans la gorge, rougissant, retenant à peine son émotion, piquer avec rage sa plume dans l’encrier, puis écrire, aurait certes affirmé que l’affaire ne se terminerait pas d’une façon banale. La résolution, il la prit dans le fond de son âme ; dans le fond de son cœur il jura de la réaliser. A vrai dire il ne savait pas encore ce qu’il ferait. En vérité il n’en savait rien, mais cela lui était bien égal. « Avec l’effronterie, monsieur, on n’arrive à rien de notre temps. L’effronterie, mon bon monsieur, ne profite pas, elle conduit au gibet. Seul Démétrius, monsieur, a réussi par l’effronterie et parvint à tromper le peuple aveugle, mais cela ne dura pas longtemps. »
Malgré tout, M. Goliadkine a résolu d’attendre que les masques soient tombés, et que la vérité commence à apparaître. Pour cela, il est nécessaire que le travail du bureau se termine le plus vite possible. Auparavant il n’entrepren-