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— Je voudrais savoir, monsieur, commença-t-il, comment vous expliquerez maintenant l’étrangeté de votre conduite envers moi.

— Soit… bien… continuez. Ici M. Goliadkine cadet regarda autour de lui, cligna des yeux, comme pour faire savoir aux fonctionnaires qui l’entouraient que la comédie allait bientôt commencer.

— L’audace et l’hypocrisie de votre procédé à mon égard vous découvrent mieux, monsieur, que n’importe quelles paroles. Ne vous fiez pas à votre jeu… il est mauvais…

— Fort bien, Iakov Pétrovitch. Dites-moi donc comment vous avez dormi, répondit Goliadkine cadet regardant droit dans les yeux M. Goliadkine aîné.

— Vous vous oubliez, monsieur, fit M. Goliadkine aîné, complètement bouleversé, sur le point de perdre connaissance. Vous allez changer de ton, j’espère !

— Mon petit ami… fit M. Goliadkine cadet avec une très laide grimace à l’adresse de M. Goliadkine aîné. Tout à coup, avec un air d’amabilité, il pinça entre ses doigts la joue droite de M. Goliadkine. Celui-ci fut feu et flamme. L’ami de M. Goliadkine aîné a bien vu que son adversaire tremble de tous ses membres, reste muet de rage, rouge comme une écrevisse, qu’il va passer les bornes et décidément l’attaquer. Alors, de la façon la plus grossière, il prend