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coup d’œil, M. Goliadkine comprit la situation. Son travail (comme il l’apprit dans la suite) avait dépassé les espérances de Son Excellence. était fini en temps voulu. Son Excellence avait été extrêmement satisfaite. On disait même que Son Excellence avait remercié M. Goliadkine cadet très sympathiquement, lui avait promis de se souvenir de lui à l’occasion, de ne pas l’oublier…

La première pensée de M. Goliadkine fut de protester, de protester de toutes ses forces, jusqu’aux dernières limites. Presque sans souvenir, pâle comme la mort, il se jeta vers André Philippovitch. Mais André Philippovitch, apprenant que l’affaire de M. Goliadkine était une affaire privée, refuse de l’écouter et lui fait remarquer résolument qu’il n’a pas de temps à perdre, même pour ses affaires à lui.

Le ton sec du refus a frappé M. Goliadkine. « Il vaudra mieux m’y prendre autrement. Voilà, Il vaudra mieux m’adresser à Anton Antonovitch. » Mais pour le malheur de M. Goliadkine, Anton Antonovicth n’était pas là. Il était quelque part, occupé à quelque chose. « Ce n’est pas sans intention qu’il a éludé mes explications, pensa-t-il. Il faut donc que j’ose implorer tout simplement Son Excellence. » Toujours pâle et la tête à l’envers, mal à l’aise devant la décision nécessaire, M. Goliadkine s’affaissa sur une chaise.