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vitch… je vais gratter avec le canif… ce que j’en fais c’est par sympathie, Iakov Pétrovitch, c’est de bon cœur, tenez… c’est ça… c’est terminé.

Ici, M. Goliadkine cadet, qui avait déjà gagné la première partie de la lutte, se saisit du papier que réclamait le chef, mais au lieu de gratter la tache avec le canif, dans la pureté de son cœur, comme il disait hypocritement, il le roula rapidement, le mit sous son bras et en deux bonds se trouva près d’André Philippovitch qui n’avait rien remarqué.

M. Goliadkine resta cloué à sa place, le canif à la main, comme s’il se préparait à gratter.

M. Goliadkine n’avait point tout à fait compris encore ce nouvel événement, il ne s’était pas encore complètement ressaisi. Il sentit le coup, mais il ne comprenait toujours pas. C’était ainsi, ce n’était rien. Enfin dans une angoisse terrible, indescriptible, il bondit, et se précipita tout droit dans le cabinet directorial, en implorant le ciel. Dans la dernière pièce, avant le cabinet du directeur, il se rencontre face à face avec André Philippovitch et son homonyme. Tous deux en sortaient. M. Goliadkine s’effaça. André Philippovitch parlait en souriant et très gaiement ; l’homonyme de M. Goliadkine souriait aussi, mais à distance respectueuse d’André Philippovitch, et chuchotait à son oreille d’un air enchanté. André Philippovitch, de la façon la plus bienveillante, hochait la tête. D’un