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— C’est-à-dire… j’ai voulu dire… Anton Antonovitch, que je suis le droit chemin, que je méprise les détours, que je ne suis pas intrigant et que, si j’ose dire, j’en puis justement être lier.

— Oui, c’est vrai, et j’approuve pleinement votre raisonnement, mais permettez-moi de vous faire remarquer, Iakov Pétrovitch, que les personnalités ne sont pas admises dans la bonne société. Derrière mon dos je suis prêt à beaucoup supporter, mais je ne permets pas, monsieur, qu’on me dise des insolences sous le nez ; j’ai blanchi au service de l’État, moi, monsieur, et je ne permets pas à mon âge qu’on me dise des insolences.

— Non, Anton Antonovitch… voyez-vous, Anton Antonovitch, il me semble que vous m’avez mal compris. Pour moi, Anton Antonovitch, je considérais comme un honneur…

— Oui… je vous prie de m’excuser aussi, j’ai été élevé à l’ancienne mode il est trop tard déjà pour que j’apprenne vos nouvelles façons. J’ai eu assez d’esprit jusqu’ici, je crois, pour faire mon service. Comme vous le savez, monsieur, j’ai eu la médaille après vingt-cinq ans de services intègres.

— Je le sais, Anton Antonovitch, et moi-même je suis de votre avis. Mais ce n’est pas de cela que je voulais parler. C’est du masque, Anton Antonovitch…