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C’est ça… voilà bien… Quel moyen sera le meilleur pour lui montrer la porte ?… s’il revient… Sans doute, il y a bien des façons… ainsi… avec mes modestes appointements… ou lui faire peur de quelque façon, prendre en considération ceci et cela… je suis forcé de vous expliquer… il faut payer la moitié de l’appartement… et la cuisine… et donner l’argent d’avance. Hum… non, non pas ça… ça ne va pas… c’est tout à fait indélicat. Peut-être vaudrait-il mieux… inciter Pétrouchka à lui faire quelque sottise, à être négligent avec lui… à être grossier… Comment le renvoyer ?… Si on les lâchait l’un contre l’autre… Non, non… que diable… c’est dangereux et à un autre point de vue c’est mal, tout à fait mal. Et s’il ne revient pas, ce sera peut-être mal aussi. Mais je lui ai menti hier soir. Ah que ça va mal, que ça va mal ! Ah, comme nos affaires vont mal ! Ah tête folle que je suis ! Et s’il revient, s’il renonce à vivre chez moi ? Dieu fasse qu’il vienne… je serais très heureux s’il venait. Je donnerais beaucoup pour qu’il vînt. » Ainsi raisonne M. Goliadkine en avalant son thé et regardant sans cesse la pendule.

« Il est neuf heures moins le quart. Il est temps d’aller au bureau. Mais qu’arrivera-t-il… qu’arrivera-t-il ?… Je voudrais savoir ce qui se trame, quel est leur but… quel sera le premier pas de mes adversaires. » M. Goliadkine ne pou-