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CHAPITRE VIII

M. Goliadkine s’éveilla comme à l’ordinaire le lendemain à huit heures. Il se souvint de tout. Il se souvint et fronça les sourcils. « Quel imbécile j’ai été hier », pensa-t-il en se dressant sur son lit et en regardant celui de son hôte. Mais quel ne fut pas son étonnement ! Non seulement l’hôte n’était plus dans la chambre, mais le lit sur lequel il avait dormi, avait disparu.

Eh quoi donc ? M. Goliadkine faillit crier. Qu’était-ce donc ? Que signifiait cette nouvelle histoire ? Tandis que M. Goliadkine, la bouche béante, regardait la place vide, la porte grinça et Pétrouchka entra avec le plateau à thé.

« Où donc ?… où est-il donc ? » dit M. Goliadkine d’une voix à peine perceptible, en désignant du doigt la place où l’hôte s’était couché la veille.

Pétrouchka ne répondit rien d’abord, ne regarda même pas son maître et dirigea son regard vers la partie droite de la chambre. M. Goliadkine dut suivre son regard. Cependant après un court silence, Pétrouchka répondit d’une voix rauque et grossière :