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CHAPITRE VII

M. Goliadkine se ressaisit un peu sur l’escalier, devant la porte de son appartement. Il s’injuriait en pensée. « Ah ! l’idiot que je suis, pourquoi le mener là, je mets moi-même ma tête dans le nœud. Que pensera Pétrouchka en nous voyant ensemble. Que ne va-t-il pas penser la canaille. Lui qui est si soupçonneux… » Mais il était trop tard pour se repentir. M. Goliadkine frappa, la porte s’ouvrit et Pétrouchka débarrassa de leurs pardessus l’hôte et son maître. M. Goliadkine regarda Pétrouchka sans en avoir l’air, tâchant de pénétrer sa physionomie, de deviner ses pensées. Mais il fut bien étonné, Pétrouchka avait l’air tout à fait naturel. Il semblait même s’attendre à cette visite. Et maintenant il regardait de côté comme un loup, comme s’il se fût préparé à manger quelqu’un.

« Ils ont tous subi un enchantement aujourd’hui », pensa M. Goliadkine, « un diable a passé par là. Ils ont tous quelque chose qui n’est pas naturel. Que le diable les emporte. Quel tourment ! »

Ainsi pensait M. Goliadkine lorsqu’il intro-