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et ses yeux brillaient d’une indignation insensée… Mais, à ce moment, tant de charme était répandu sur son visage, chaque trait était empreint d’une telle beauté, que les sombres pensées d’Ordynov s’évanouirent comme par enchantement. Son cœur aspirait à se serrer contre son cœur, à s’oublier avec elle dans une étreinte folle et passionnée et même à mourir ensemble. Catherine rencontra le regard troublé d’Ordynov et lui sourit d’une telle façon qu’un double courant de feu brûla son cœur. À peine s’il s’en rendait compte lui-même.

– Aie pitié de moi ! Épargne-moi ! lui chuchota-t-il, en retenant sa voix tremblante.

Elle se pencha vers lui, un bras appuyé sur son épaule et le regarda de si près dans les yeux que leurs souffles se confondaient.

– Tu m’as perdu ! Je ne connais pas ta douleur, mais mon âme s’est troublée… Qu’est-ce que cela me fait si ton cœur pleure ! Dis-moi ce que tu désires et je le ferai. Viens avec moi. Allons, ne me tue pas… Ne me fais pas mourir !…

Catherine le regardait immobile, les larmes séchées sur ses joues brûlantes. Elle voulait l’interrompre, le prendre par la main, dire quelque chose, et ne trouvait pas les mots.

Un sourire étrange parut lentement sur ses lèvres