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brûlait de honte, ses yeux imploraient le pardon, et le sourire qui paraissait sur ses lèvres faiblement s’efforçait de vaincre la force irrésistible de la nouvelle impression. Elle paraissait de nouveau effrayée de quelque chose : méfiante elle le repoussait de la main, le regardait à peine et, la tête baissée, dans un chuchotement craintif, elle répondait à ses questions par mots entrecoupés.

– Tu as eu peut-être dans ton sommeil quelque cauchemar ? demanda Ordynov, ou quelque vision terrible, dis ? Il t’a peut-être effrayée ?… Il délire, il n’a pas sa raison… Peut-être a-t-il prononcé des choses que tu ne devais pas entendre ?… A-t-il dit quelque chose ? Oui ?

– Non, je n’ai pas dormi, répondit Catherine domptant avec effort son émotion. Le sommeil ne venait pas. Lui s’est tu tout le temps… Il ne m’a appelée qu’une seule fois. Je me suis approchée de lui, je l’ai appelé, lui ai parlé ; il ne m’entendait pas. Il est très mal. Que Dieu lui vienne en aide ! Alors l’angoisse m’a saisie au cœur, une angoisse épouvantable. J’ai prié tout le temps, prié sans cesse et voilà, ça m’a prise…

– Assez, Catherine, assez, ma vie, assez… C’est hier que tu as eu peur…

– Non, je n’ai pas eu peur hier.