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de son baiser. Il ferma les yeux et se laissa aller à l’oubli… Quelque part une pendule sonna… Il se faisait tard. La nuit venait.

Tout à coup il lui sembla que, de nouveau, elle se penchait sur lui ; qu’elle fixait sur les siens ses yeux merveilleux, mouillés de larmes brillantes, de larmes de joie ; ses yeux doux et clairs comme la coupole infinie du ciel à l’heure chaude de midi. Son visage s’éclairait d’un tel calme majestueux, son sourire promettait une telle béatitude, elle s’inclinait sur son épaule avec une telle compassion, qu’un gémissement de bonheur jaillit de sa poitrine affaiblie.

Elle voulait lui parler. Avec tendresse elle lui confiait quelque chose… De nouveau son oreille était frappée d’une musique pénétrante ; il respirait avidement l’air chauffé, électrisé par son souffle tout proche. Dans l’angoisse il tendit les mains, soupira et ouvrit les yeux…

Elle était devant lui, penchée sur son visage, toute pâle d’effroi, tout en larmes, toute tremblante d’émotion. Elle lui disait quelque chose, le suppliait en joignant et tordant les mains. Il la prit dans ses bras. Elle restait toute tremblante sur sa poitrine…