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Catherine lui avait préparé et, de nouveau il tendit l’oreille. Il entendait deux respirations : l’une, pénible, maladive, entrecoupée ; l’autre, douce mais inégale aussi et troublée, comme si, là-bas, la même impulsion, la même passion faisaient battre les cœurs. Il percevait parfois le frôlement de sa robe, le glissement léger de ses pas doux et même le bruit de son pied se répercutait dans son cœur en une souffrance sourde mais agréable. Enfin il crut entendre des sanglots, et puis, de nouveau, une prière. Il savait qu’elle était à genoux devant l’icône, les mains jointes dans quelque désespoir terrible. Qui est-elle ? Pour qui prie-t-elle ? De quelle passion sans issue son cœur est-il troublé ? Pourquoi souffre-t-il tant et s’épanche-t-il en de telles larmes brûlantes et désespérées ?

Il se mit à se remémorer ses paroles. Tout ce qu’elle lui avait dit résonnait encore à ses oreilles comme une musique ; et son cœur répondait avec amour, par un coup sourd, douloureux, à chaque souvenir, à chacune de ses paroles répétées religieusement… Pour un moment tout ce qu’il avait vu en rêve traversa son esprit ; mais tout son cœur tremblait quand renaissait dans son imagination l’impression de son souffle ardent, de ses paroles et