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– Quoi ? demanda Ordynov.

– On dit que, dans un accès de folie maladive, il attenta à la vie d’un jeune marchand que, jusqu’alors, il aimait extrêmement. Quand il eut recouvré ses esprits, il fut tellement horrifié de cet acte, qu’il voulut se tuer. C’est du moins ce qu’on raconte. Je ne sais pas au juste ce qui s’est passé après cela, mais il est certain qu’il vécut quelques années sous pénitence… Mais qu’avez-vous, Vassili Mihaïlovitch ? Mon simple récit ne vous fatigue-t-il pas ?…

– Oh ! non, je vous en prie… Vous dites qu’il vivait sous pénitence… Mais il n’est pas seul…

– Je ne sais pas. On dit qu’il était seul… Oui, aucune autre personne n’était mêlée à cette affaire. D’ailleurs, je n’ai rien entendu de ce qui s’est passé après… Je sais seulement…

– Eh bien ?…

– Je sais seulement… À vrai dire, je n’ai rien d’extraordinaire à ajouter… Je veux dire seulement que si vous trouvez en lui quelque chose d’étrange, qui sorte du train habituel des choses, cela tient tout simplement aux malheurs qui l’ont assailli l’un après l’autre…

– Oui… Il est pieux, il est même bigot.