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dans votre ancien logement ? Mais qu’est-ce qui vous a décidé ?

– Ma logeuse a quitté Pétersbourg…

– Domna Savichna ! Est-ce possible ? Une bonne vieille, vraiment noble ! Savez-vous, je ressentais pour elle un respect presque filial. Dans cette vie presque achevée brillait ce quelque chose de sublime du temps de nos aïeux et, en la regardant, on croyait voir revivre devant soi notre vieux passé, avec sa grandeur !… c’est-à-dire… vous comprenez… quelque chose de poétique… termina Iaroslav Ilitch, tout à coup timide et rouge jusqu’aux oreilles.

– Oui, c’était une brave femme.

– Mais permettez-moi de savoir où vous demeurez maintenant ?

– Ici, pas loin. Dans la maison de Kochmarov.

– Je le connais… Un vieillard majestueux. J’ose dire que je suis presque son sincère ami… Un noble vieillard.

Les lèvres de Iaroslav Ilitch tremblaient presque de la joie de l’attendrissement. Il demanda un nouveau verre d’eau-de-vie et une pipe.

– Alors vous avez loué un appartement ?

– Non, j’ai loué une chambre.

– Chez qui ? Je connais peut-être aussi…

– Chez Mourine, un vieillard de haute taille.