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– Non, permettez, j’aime à rendre justice ; et je suis fier qu’au moins ce sentiment ne soit pas éteint en moi.

– Pardon. Vous n’êtes pas juste envers vous-même, et moi, vraiment…

– Non, je suis tout à fait juste ! objecta avec une chaleur extraordinaire Iaroslav Ilitch. Que suis-je près de vous ? Voyons !

– Mon Dieu…

– Oui.

Un silence suivit.

– Profitant de vos conseils, j’ai rompu avec plusieurs personnes vulgaires, et j’ai adouci un peu la grossièreté des habitudes… reprit Iaroslav Ilitch, d’un ton assez timide et flatteur. Les moments de liberté que me laisse mon service, je les passe la plupart à la maison. Le soir je lis quelque bon livre et… je n’ai qu’un désir, Vassili Mihaïlovitch, me rendre un peu utile à la Patrie…

– Je vous ai toujours tenu pour un homme très noble, Iaroslav Ilitch…

– Vous versez toujours le baume… noble jeune homme.

Iaroslav Ilitch serra fortement la main d’Ordynov.

– Vous ne buvez pas, remarqua-t-il, son émotion un peu calmée.

– Je ne puis pas. Je suis malade.