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Mais l’argent sur la table ; sans argent, rien…

Ici le Tatar, qui entrait trop dans les intérêts de Mourine, eut un rire joyeux.

– Alors quoi ! Il est sorcier ?

– Hum ! fit le portier en hochant la tête. Il dit la vérité. Il prie Dieu. Il prie beaucoup… Et quelquefois cela le prend.

Le Tatar répéta de nouveau son geste expressif.

À ce moment, quelqu’un dans l’autre cour appela le portier, et un petit vieillard, en paletot de peau de mouton, se montra. Il marchait d’un pas indécis en toussotant et regardait le sol en marmonnant quelque chose. Il semblait être en enfance.

– Le propriétaire, le propriétaire ! chuchota hâtivement le portier en faisant un signe rapide de la tête à Ordynov ; et, ayant ôté son bonnet, il s’élança en courant au devant du vieillard.

Il sembla à Ordynov qu’il avait déjà vu quelque part, récemment, ce visage ; mais, se disant qu’il n’y avait à cela rien d’extraordinaire, il sortit de la cour. Le portier lui faisait l’effet d’un coquin et d’une crapule de la pire espèce.

« Le vaurien, il avait l’air de marchander avec moi », pensa-t-il. « Dieu sait ce qui se passe ici ! »