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de fourrure. Un livre était ouvert sur ses genoux. Sur un banc, près du lit, était allongée Catherine. Un de ses bras enlaçait la poitrine du vieillard, et sa tête était appuyée sur son épaule. Elle fixait sur lui des yeux attentifs, enfantins, étonnés et semblait écouter avec une avidité extraordinaire ce que lui racontait Mourine. Par moments, la voix du narrateur se haussait ; son visage pâle s’animait ; il fronçait les sourcils, ses yeux brillaient, et Catherine paraissait pâlir de peur et d’émotion. Alors quelque chose ressemblant à un sourire se montrait sur le visage du vieillard et Catherine aussi commençait à sourire doucement. Parfois des larmes paraissaient dans ses yeux. Alors le vieillard lui caressait doucement la tête comme à un enfant, et elle l’étreignait encore plus fortement de son bras nu, brillant comme la neige, et, plus amoureusement encore, se penchait sur sa poitrine.

Ordynov se demandait si ce n’était pas son rêve qui continuait ; même il en était sûr ; mais son sang affluait dans sa tête et les artères de ses tempes battaient si fortement qu’il avait mal.

Il lâcha le clou, descendit du lit, et, en chancelant, s’avança comme un somnambule, ne comprenant pas l’excitation qui flambait comme un incendie dans son sang. Il arriva ainsi