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sans remuer un membre, dans un engourdissement d’épouvante. Enfin il se leva prudemment, constata avec joie que le terrible mal n’avait pas encore épuisé toutes ses forces. Le délire s’évanouissait ; la réalité commençait.

Il remarqua qu’il était habillé comme pendant sa conversation avec Catherine et que, par conséquent, il ne s’était pas écoulé beaucoup de temps depuis qu’elle l’avait quitté. Le feu de la décision coulait dans ses veines. Par hasard, il toucha avec sa main un grand clou, enfoncé dans la cloison le long de laquelle on avait installé son lit. Il le saisit, s’y suspendit de tout son corps et arriva ainsi à une fente par où un mince rai de lumière filtrait dans sa chambre. Il appliqua l’œil contre cette fente, et, retenant son souffle, regarda.

Dans un coin de la petite chambre des maîtres, il y avait un lit devant lequel était placée une table couverte d’un tapis. De nombreux livres d’un grand format ancien, reliés, rappelant les livres liturgiques, étaient posés sur la table. Dans un angle était appendue une icône, aussi ancienne que celle de sa chambre, devant laquelle brûlait une veilleuse. Le vieux Mourine, malade, était couché sur le lit. Il paraissait torturé par la souffrance. Il était pâle comme un mort. Il était enveloppé d’une couverture